le parent aidant

Il est bien difficile de restreindre le sujet des aidants dans un petit article. Et pourtant, je ne peux pas passer sous silence ce rôle si important, et tellement méconnu. Que ce soit bien clair: On ne devient pas aidant parental par choix, ou par conviction, mais par obligation. On devient aidant parce qu’un être aimé est dans le besoin. Etre aidant, c’est supporter seul ou à deux toute la vie d’une autre personne. Penser pour la personne dépendante, construire sa vie à sa place, définir des objectifs pour elle, des lieux de vie, des accompagnements, prendre des décisions importantes sur sa santé physique et mentale. C’est aussi gérer toute la logistique qui tourne autour de cet être si fragile, l’accompagner, le soulever, le porter, le changer, le doucher, lui préparer ses repas et les lui donner, tous les jours, sans relâche. Se lever la nuit au moindre bruit, anticiper le moindre virus, soigner, conduire aux rendez-vous, s’assurer que tout ce qui n’est pas dit ne manque pas: trop chaud, trop froid, soif, inconfortable, fatigué, trop de soleil, pas assez de sel…

Et c’est aussi s’épuiser en hypervigilance. Le jour, la nuit, et même quand l’aidé est pris en charge, c’est sauter sur le téléphone dès qu’il sonne dans la crainte que quelque chose ne lui soit arrivé, c’est s’inquiéter parce qu’il ne peut pas parler et que personne à part vous ne peut le comprendre. C’est imaginer que vous pourriez être malade ou hospitalisé… et qu’est ce qu’il deviendrait… non, vous ne pouvez pas être malade, ce n’est pas envisageable. Mais vous n’avez pas non plus le temps de prendre soin de votre santé. Alors il ne vous reste qu’une solution: Soyez fort, résistant, souriant, vaillant, dynamique, inventif. Soyez un super héros, l’Etat vous dira merci pour tout ce que vous faites à sa place pour pallier au manque de prise en charge.

On vous dira bravo, alors que vous n’avez que subi un poids d’obligation. On vous admirera alors que vous ne voulez que vous faire oublier et dormir. Et on vous fuira un peu aussi parce que votre quotidien fait peur aux autres, sait-on jamais si vous l’envie vous prenait de vous plaindre une petite minute pour partager votre fardeau.

Vous êtes un aidant, alors vous êtes un warrior, parce que vous n’avez pas eu le choix. Et cela vous a permis de développer des compétences en tout, petit veinard(e) ! Vous êtes chanceux, grâce à l’aidant que vous êtes devenu, votre CV vaut de l’or ! 

Vous êtes devenu kiné, coordinateur, infirmière, orthophoniste, juriste, médecin d’urgence, ergothérapeute (si si rappelez-vous tous les systèmes D que vous avez inventé pour combler une incapacité), assistante sociale, psychologue, veilleur de nuit, psychomotricien, manutentionnaire, mécanicien d’appareillages, taxi et/ou pilote de course (selon le temps qui vous reste pour arriver à l’heure entre deux rendez-vous), assistante de direction et comptable pour ne pas crouler sous les aides… ah non, je veux dire les dettes, et pour bien ajuster l’emploi du temps à la minute près (ah non, prendre le pain sur le passage, ça va nous mettre en retard chez l’éduc)… et en plus, vous avez inventé des techniques de portage, vous avez fait Tetris dans votre coffre de voiture, vous avez développé vos biceps (et fusillé votre dos), vous avez toujours un mot gentil pour quelqu’un qui a un gros souci (comme la collègue qui s’est cassé un ongle), vous faites preuve d’empathie et même vous plaignez vos amis qui ont des vagues à l’âme. Vous réadaptez l’emploi du temps de toute la famille en un tour de main au moindre grain de sable, et avec le sourire dans vos bons jours ! Je vous le dis, vous êtes le mouton à 5 pattes, la perle rare, le Soft Skill comme on l’appelle maintenant.

Vous êtes aidant, et vous êtes toujours vivant ? alors vous êtes un Super Héros !

L’Adapei illustre très bien cet article avec leur dessin plein de réalité.

Laisser un commentaire